Dernière mise à jour le juin 7, 2025 par Brenda
Tandis que le monde entier est préoccupé par les tensions géopolitiques sur Terre, la Chine poursuit discrètement ses ambitions à long terme dans l’espace grâce au projet « Star Computing ». Cette initiative pourrait remodeler le traitement des données au niveau mondial ainsi que l’avenir de l’intelligence artificielle.
Nouveau rôle des satellites
Depuis toujours, les satellites se contentent de collecter des données et de les retransmettre à des centres de données sur terre pour qu’elles soient traitées. L’initiative chinoise « Star Computing » introduit toutefois un changement radical : des satellites capables non seulement de collecter des données, mais aussi de les traiter directement en orbite. Cette approche réduit la dépendance à l’égard de l’infrastructure terrestre, diminue les coûts de maintenance et crée un réseau plus autonome, plus évolutif et plus résistant. De plus, il devient moins vulnérable dans les situations de crise et plus difficile à perturber.
Lancement : La création d’un réseau orbital
Le 14 mai 2025, la Chine a lancé les 12 premiers satellites de la « Constellation informatique à trois corps », composée de 2 800 personnes et dirigée par ADA Space et Zhejiang Lab. Chaque satellite est équipé d’un modèle d’intelligence artificielle doté de huit milliards de paramètres et d’une puissance de traitement de 744 billions d’opérations par seconde (TOPS). Ensemble, le groupe initial peut traiter cinq péta opérations par seconde (POPS), l’objectif à long terme étant d’atteindre 1 000 POPS au fur et à mesure de l’expansion de la constellation.
Le 14 mai, douze satellites ont été envoyés dans l’espace à bord d’une fusée Longue Marche 2D lancée depuis la base de Jiuquan. Ils font partie du programme « Star Computing » et ont été construits par la société Guoxing Aerospace. Ce n’est qu’un début : la Chine a l’intention de construire un réseau d’environ 2 800 satellites, interconnectés par des liaisons laser.
Même si ces chiffres sont encore loin des ambitions de Starlink – le projet de SpaceX compte déjà plus de 6 750 satellites actifs – la différence réside dans leur objectif. Alors que Starlink vise principalement une couverture internet mondiale, la Chine semble rechercher une infrastructure informatique décentralisée, avec des applications possibles dans des domaines tels que la défense, l’IA et les communications sécurisées.
Tensions croissantes : Les États-Unis et la Chine s’affrontent dans l’espace
Récemment, les signes indiquant que la rivalité entre Washington et Pékin dépasse les limites de l’atmosphère se sont multipliés. Un exemple récent : un satellite militaire américain a été observé en train de s’approcher d’un satellite chinois, ce que certains analystes ont interprété comme une provocation.
Par ailleurs, la participation de la Chine à des projets spatiaux en Amérique latine attire l’attention des États-Unis, qui s’inquiètent de l’influence croissante de Pékin dans des régions stratégiques.
Les journalistes chinois discutent librement du « Star Computing » en tant que solution à la demande accrue de traitement en temps réel, tout en le considérant comme un progrès vers un réseau mondial qui unit les technologies terrestres et spatiales.
Centres de données orbitaux : Plus efficaces et écologiques
Au-delà des ambitions géopolitiques, le projet apporte un argument environnemental convaincant. Les centres de données terrestres consomment d’énormes quantités d’énergie, notamment pour le refroidissement. Dans l’espace, ce problème n’existe pas – la chaleur se dissipe naturellement et l’énergie provient directement du soleil.
Jonathan McDowell, chercheur à Harvard, a expliqué que cette méthode pourrait réduire considérablement la consommation d’énergie et offrir un avantage concurrentiel majeur aux pays ayant adopté cette solution le plus tôt possible.
L’espace : Un terrain de nouveaux conflits ?
Dans ce contexte, l’a Force spatiale des États-Unis a indiqué que des Chinois s’entraînaient au « combat aérien » dans l’espace, un concept qui semble tout droit sorti d’un film de science-fiction, mais qui reflète de plus en plus l’évolution des paradigmes de la sécurité.
Qui contrôle l’espace, contrôle l’avenir ?
Grâce à ce projet, la Chine ne fait pas seulement un bond technologique, elle déclare également son intention d’influencer directement la forme du monde numérique de demain. Si le réseau informatique orbital devient une réalité, il ne s’agira pas seulement de vitesse de traitement ou d’efficacité énergétique, mais de savoir qui détient le contrôle des données, des communications et, par extension, du pouvoir.
L’avenir semble de plus en plus lié à ce qui se passe au-delà de l’atmosphère. Et la Chine vient de faire un grand pas sur cet échiquier.